Principes généraux des cuivres naturels

 

Particularités du cor Mib

Illustration 13bis tessiture Cor complete

Les premiers cors sont également réalisés à partir de tuyaux coniques naturels, comme les cornes d'animaux (Roland de Roncevaux et son olifant) ou encore de coquillages.

En 1636, le moine Marin Mersenne décrit un cor enroulé en 7 spirales qui permet de jouer environ seize notes.

Le cor, comme les autres cuivres naturels, a d'abord été conçu pour servir des fins religieuses, effectuer la transmission des signaux d'avertissement codés ou communiquer des messages.

Ce qui explique que les chasseurs-musiciens de Versailles, sous Louis XIV, acquièrent une grande renommée dans toute l'Europe. Leurs cors de chasse à courre, mais aussi des instruments plus petits (cor et trompe de chasse), leurs permettent d'émettre la quasi totalité des harmoniques.

À cette période, la France brille par la taille de ses instruments et la qualité de ses facteurs tels que Crétien et Raoux. La grande tradition de la vènerie trouve son apogée dans les recueils du marquis de Dampierre (composés entre 1734 et 1756) dont certaines sonneries sont encore jouées aujourd’hui.

C’est à la demande de certains compositeurs que des modèles plus petits sont fabriqués, pour un usage plus aisé à l’orchestre. Le maître facteur de Nuremberg Friedrich Steinmetz parvient à enrouler l’instrument 2,5 fois sur lui-même. Il fait la moitié du diamètre du Cor de chasse à courre. Simultanément, sa forme devient plus conique, terminée par un pavillon bien plus évasé. L'embouchure acquiert sa forme caractéristique en entonnoir et le timbre, son caractère chaud, rond et sombre.

À partir de  1703, Michael Leichambschneider invente une nouvelle technique appelée cor de rechange ou tons de rechange (en anglais “Crooks”). . Celui-ci se place entre l’instrument et d'embouchure.

Cela permet de modifier la longueur totale de l’instrument, donc d’en changer la fondamentale et donc la tonalité. Par ce procédé, les cornistes peuvent jouer sur plusieurs échelles harmoniques, le cor simple devient le cor d'harmonie.

Illustration 14 cor solo de JahnCor avec différents tons

Cependant cette invention ne résout pas le problème de la discontinuité  des échelles de sons qui demeurent incomplètes, sans compter la difficulté à changer de ton dans le courant d'un morceau.

En 1737 Anton-Josef Hampel devient membre de l’orchestre de Dresde et invente la technique de jeu par bouchage du pavillon, qui modifie la hauteur de la note d'un demi-ton.  Dès lors on ne tient plus le pavillon en l’air, comme les chasseurs mais vers le bas à droite.

Bien que la qualité des sons bouchés diffère des sons ouverts, cette technique permet d'accroître les possibilités mélodiques du cor. Elle se développe surtout à partir de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle.

Parmi les virtuoses, notons le tchèque et élève de Hampel, Johann Wenzel Stich-Punto.
Les compositeurs classiques (Haydn, Mozart, Beethoven) et certains romantiques surent parfaitement tirer parti de cette technique de jeu.

Illustration 15 2 cors avec pompe accord

2 cors avec pompe d'accord dont un doté du premier système de pistons dit "Stoeszel"

Entre 1750 et 1755, Hampel propose au facteur Dresdois Johann Werner de modifier la disposition des tons de rechange : désormais, on peut les insérer au milieu du tube de l'instrument. Avec ce procédé le cor est dénommé INVENTIONSHORN («Cor d'invention» ou "Cor Solo"). De cette manière, la tenue de l’instrument  étant toujours la même quelque soit le ton utilisé, cela permet une plus grande aisance de jeu avec la main dans le pavillon. Ces différentes architectures ont rendu possible par la suite l’installation de systèmes mécaniques.
Illustration 16 cor mib actuel           Campa 22 cor
Cor Mib actuel

En dehors des orchestres de cuivres naturels, et des formations particulières de trompes de chasse,  la tradition du cor Mib s’est  perpétuée au sein des musiques militaires du type « chasseurs ». Ce corps d’infanterie de montagne disposait vers 1950 d’une vingtaine de fanfares. 

Le cor de chasse et la trompe de chasse :
Il faut éviter de confondre le cor en Mib et la trompe de chasse en Ré. 
Le cor Mib s’accorde à partir de la branche d’embouchure coulissante.
Dans le cas de la trompe de chasse, il revient donc au musicien de corriger avec les lèvres pour s’accorder avec les autres sonneurs du groupe.
Plus largement, la vènerie possède ses propres codes et conventions.