extrait du relevé de la 1re Journée thématique du 4 décembre 2010
intervention de Guy Coutanson

La batterie-fanfare est un orchestre relativement jeune puisque sa création remonte aux années 1950. Sa composition repose principalement sur un regroupement de tous les instruments d’ordonnance, à sons naturels, c'est-à-dire sans système. Ces instruments d’ordonnance ont eu jusque là une histoire et une utilisation essentiellement militaire. Ils ont rythmé les champs de bataille, le quotidien des armées et des cours princières pendant des siècles :

  • le clairon pour l’infanterie, en Sib, inventé en 1823 par le facteur français Antoine Courtois.
  • la trompette pour la cavalerie, en Mib, utilisée déjà par les mousquetaires de Louis XIII, elle prend sa forme actuelle au début du Premier Empire.
  • le cor pour les chasseurs, en Mib, employé dès 1830 (à ne pas confondre avec la trompe en Ré de la vènerie).

Gabriel Defrance, compositeur et tambour-major de la Garde Républicaine de 1911 à 1933 a fait évoluer l’instrumentation à la Garde, notamment avec le clairon à piston, et dans les sociétés musicales civiles, puisqu’il était responsable technique de l’UFF et des Patronages de France (FSCF) durant sa retraite. Ces sociétés musicales se regroupent dans le fédéralisme né à la fin du XIXe siècle. En 1941, la Batterie de la Garde sous la conduite du Tambour-Major Gendre, est dotée d’instruments de fanfare. Elle est composée de cuivres à système (bugle, trompette, cornet, cor alto, baryton et basses) et de toute la famille des saxophones, comme une vraie fanfare à la française, c’est-à-dire une harmonie sans bois. C’est en 1945 qu’elle prend officiellement le nom de batterie-fanfare, nom qu’elle aura du mal à abandonner beaucoup plus tard pour prendre sa véritable appellation : Musique de la Garde en 1993. Elle est actuellement dotée d’un orchestre d’harmonie type et d’une batterie-fanfare complète.

En 1936, la Musique de l’Air placée sous le commandement de Claude Laty est la première à se doter d’une Batterie avec tambours, clairons, trompettes et cors. Elle devient donc la première et véritable batterie-fanfare. Le Tambour-Major est alors Maurice Bonnard ; Robert Goute lui succède en 1953. Il faut attendre l’arrivée de Jacques Devogel aidé de Robert Goute, respectivement chef et tambour-major de cette Musique de l’Air pour que le répertoire s’affranchisse de la tradition et s’oriente vers des styles nouveaux plus rythmés et modernes.

C’est le point de départ d’un répertoire extraordinaire de richesse et de diversité qui n’a de cesse d’évoluer durant cette soixantaine d’années. De nombreux compositeurs nous ont offert des centaines d’œuvres de tous styles et de toutes difficultés.

La Batterie-Fanfare de la Musique de l’Air fait école dans les formations professionnelles à caractère militaire, mais aussi et surtout dans le monde musical amateur où de nombreuses "cliques" ou fanfares prennent cette nouvelle configuration. La "clique" est une appellation longtemps utilisée pour désigner la batterie d’une musique militaire (clairons et tambours), ou diverses formes de fanfares civiles ou militaires. Ce terme est rejeté et abandonné progressivement à partir de la moitié du XXe siècle et ce n’est pas plus mal car cette appellation est péjorative.

La batterie-fanfare est une spécificité française ; elle fait partie intégrante de notre patrimoine. Elle est restée une exception française puisqu’à l’étranger, ces instruments sont restés prisonniers de leur histoire et de leur tradition ; ils sont toujours cantonnés dans leur vocation à caractère militaire.

Au fil des années, l’instrumentation de la batterie-fanfare évolue en même temps que le répertoire. Les premières œuvres se contentent des instruments d’ordonnance auxquels on ajoute les clairons-basses, trompettes-basses et contrebasses à pistons (seuls instruments à système) avec un accompagnement rythmique de tambour ou caisse claire et grosse-caisse, cymbales. Progressivement, tout l’éventail des percussions est adopté et les tambours deviennent d’authentiques percussionnistes, sans pour autant abandonner la haute technicité sur leur instrument de prédilection. L’école française du tambour ne s’est jamais aussi bien portée et elle nous est enviée dans le monde entier.

De multiples expériences sont réalisées avec des instruments "invités", instruments à sons naturels dans d’autres tonalités, guitare-basse, saxhorn-basse ou euphonium (adoptés définitivement), trompette à pistons, trombone, piano, violoncelle, accordéon, flûte, chant, saxophone, instruments celtiques, steel drums, etc.

 La batterie-fanfare est donc un véritable orchestre pouvant aborder tous les styles et qui continuera d’évoluer tant les possibilités sont infinies.